L'Histoire du Château

Des hommes, des femmes et un terroir en harmonie

Portail du château Brethous

Château Brethous est une jolie chartreuse (ou longère) au cœur des Premières Côtes de Bordeaux, connu pour ses bons vins. Situé à un quart d’heure de Bordeaux, le vignoble s’étend sur 16 hectares, 72 % de Merlot, 20 % de Cabernet Sauvignon, 4 % de Cabernet Franc et 5 % de Malbec. C’est une superficie moyenne pour l’appellation, à taille humaine.

Depuis 2008, l’équipe de Brethous relève le défi de la culture biologique et biodynamique. « Notre objectif est écologique. Nous souhaitons toujours progresser dans le respect de notre terroir, de la Terre que nous laisserons à nos successeurs. Nous souhaitons toujours élaborer de grands vins, alliant structure, charme et élégance ».

Pour cela, nous tentons de faire s’exprimer le terroir de collines argilo-calcaires avec des bandes de graves en surface. D’après l’expérience de nos collègues, il semblerait que la culture en biodynamie donne aux vins un peu plus de minéralité au bout de quelques années. Une bonne occasion de goûter régulièrement les vins de Château Brethous pour évaluer cette progression…

Une Longue Histoire d'Hommes et de Femmes

Dont voici le résumé

Deux historiens Aurélie Dupond et Laurent Coste, professeurs à la faculté de Bordeaux, ont écrit l’histoire de Château Brethous. Leurs sources : les archives départementales de la Gironde, les archives municipales de Bordeaux, les archives municipales de Camblanes et Meynac.

Le vignoble des Premières Côtes de Bordeaux est très ancien ; on en trouve trace dès l’époque romaine. Avant le XVII ème siècle les origines du Château Brethous restent inconnues et les liens de parentés sont encore flous. Une chose est sure : la famille Brethous a beaucoup influencé la propriété jusqu’à lui donner son nom.
En 1664, Brethous s’appelle « domaine Deschamps », du nom de famille des anciens propriétaires. Il s’étend aussi sur Cortade, le domaine voisin. Jacques Deschamps, avocat au Parlement épouse Marie Minvielle et ont Pierre en juillet 1615, Bernard en novembre 1617 et Elisabeth en septembre 1621.
La métairie de Deschamps dépend alors de la seigneurie des Lecomte de Latresne quand, le 30 décembre, Isabeau Pelon veuve de François Sentey, bourgeois et maître pâtissier de Bordeaux, marie sa fille Simone Sentey à un chirurgien, bordelais de fraîche date, Pierre Brethous, fils d’un marchand de Saint Sever. La dot de la future épouse se monte à 6.000 livres, à prendre sur un bien situé à Camblanes, très vraisemblablement le domaine qui nous occupe. Ils donnent naissance à Pierre, Ursule, Etienne, et Marie-Magdeleine.

Thierry nous montre la qualité de la terre
Il semblerait que Pierre Brethous ait eu un frère Etienne Brethous jurat à la ville de Bordeaux, qui a épousé Mlle Rivière. Leur enfants s’appellent Marie-Magdeleine, Marie-Thérèse, Pierre et Jean-Raymond. La similitude des prénoms entraine une confusion facile pour les historiens. Ainsi, par erreur, Edouard Guillon avait-il attribué Brethous à Etienne Brethous.

En 1693 Pierre Brethous, le chirurgien, donne en pleine jouissance un  » bourdieu », une ferme, à Camblanes à sa fille Marie-Magdeleine Brethous mariée à Jean Lucquin, jeune médecin orléanais qui s’installe à Bordeaux. Ils ont plusieurs enfants Marie, Pierre, Joseph, et Etienne. Marie-Magdeleine, meurt en 1737 et son époux Jean Lucquin en 1751. Pierre Lucquin, prêtre, et Marie Roux, la veuve de son frère Joseph Lucquin héritent du domaine Deschamps. Il semble que Marie et Joseph Lucquin n’aient pas eu d’enfants.

Le 13 avril 1767, le domaine est vendu à Raymond Poncet, notaire bordelais, et le descriptif mentionne clairement l’existence de la longère, de vignes, du chai viticole où l’on produit du vin et de polyculture, sur 16 hectares.
En 1778, le domaine est à nouveau en vente et Marguerite Brethous résidant à Paris fait valoir son retrait lignagier avec son avocat Etienne Brethous, vraisemblablement son père. Etienne a épousé Marie Sarcelier à Ludon le 10 juillet 1748 (leur acte de mariage a été perdu). On ne sait pas aujourd’hui si cette Marguerite est une descendante de Pierre Brethous le chirurgien et de Simone Sentey ou de son frère Etienne Brethous le jurat de Bordeaux.

Marguerite Brethous s’est mariée deux fois : le 13 décembre 1769 à Camblanes, avec Pierre Lazare Dumas, un écuyer anobli, dont elle a plusieurs enfants. Elle est veuve en 1773 et se remarie le 12 mai 1780 avec Raymond de Sèze, avocat bordelais, apparenté aux grandes familles de la bourgeoisie bordelaise. Ils habitent Paris et Raymond de Sèze devient défenseur du roi Louis XVI devant la Convention. Il est possible que le domaine ait été mis en fermage. Etienne Brethous décède le 28 janvier 1795 en laissant beaucoup de dettes à ses enfants.

Le 26 avril 1806, Marguerite Brethous et son frère Adrien Brethous, contrôleur des domaines, vendent le domaine de Brethous au négociant bordelais Jean Dupuch, marié à Elisabeth Luce Bounin, pour 25.000 francs. A l’époque les Dupuch possèdent les Domaines de Donevide, et de Bel, à Camblanes, de Fourney à Latresne, de Féger à Port Neuf, de Vios à Lignan.

En 1822, leur patrimoine est partagé entre leurs 3 enfants et le 17 août Antoine Adolphe, prêtre à Bordeaux, reçoit le domaine de Brethous. En 1833 il le revend à Madeleine Hectorine Sarrazin, épouse de Jean Laréginie pour 22.000 francs.
Anne Laréginie épouse François Larrieux, négociant. Ils gèrent le domaine mais en 1878; ils demandent la liquidation du patrimoine de Mme Larégénie après que ses 3 filles aient renoncé à la succession de leur père, vraisemblablement pour cause de dettes. La mise à prix est fixée à 45.000 francs.
A ce moment là Brethous compte 21 hectares, et se compose d’un bâtiment principal, formé au midi, de la maison de maître et de ses dépendances consistant en un cuvier et un logement de paysans ; au nord, d’un vaste chai d’une contenance d’au moins soixante tonneaux, le tout ne formant qu’un seul corps d’immeuble. Le cuvier contient notamment cinq cuves cubant ensemble cinquante tonneaux.

En 1880, Anne Larégénie et Fançois Larrieu deviennent propriétaires de Brethous le 17 juin. L’acte fait une description de la maison d’habitation :  » maison de maître construite en forme de chartreuse, bâtie en pierres de taille et recouverte de tuiles creuses « . Charles Cocks mentionne le domaine dans son classement des vins comme un château de qualité sur la commune de Camblanes.

Cécile et Thierry pendant les vendanges
Bouteille sur une table devant le château Brethous

En 1846 Guillon classe aussi Brethous dans les crus de qualité et évalue la production à 98 barriques de 225 l., évaluation qui reste la même en 1881.La deuxième moitié du XIXième siècle est une période de diffusion de maladies de la vigne. En 1850, le vignoble bordelais découvre l’oïdium à ses dépends, en 1869 le phylloxéra atteint Floirac, en1879 le mildiou arrive des Etats Unis, et en1887 le vignoble bordelais est attaqué par le  » black rot « , champignon venu aussi d’Amérique du nord.

A la fin du siècle, en 1898, Madame Larrieu, est toujours propriétaire ; son mari est décédé entre 1893 et 1898. Elle signe en 1913 un accord avec Maître Dessalle. Ils signent le sous-seing le 15 août 1916 et la vente définitive en 1918, année du décès de Mme Laréginie.
La crise financière ne permet pas un rétablissement total du vignoble et le 16 juin 1925 a lieu l’adjudication judiciaire de la propriété de Maître Dessalle, après différentes saisies dès 1923. Les créanciers sont des particuliers et la banque Courtois. Un premier lot est mis à prix 50.000 francs, un autre constitué d’une maison et d’un lopin de terre 2.000 francs, une prairie 3.000 francs, et des meubles sont saisis.
Le domaine de Brethous était alors composé d’une maison de maître, d’un logement de paysans, de dépendances, d’un jardin d’agrément, d’un potager, d’une garenne, d’une prairie, de vignes, de bois. Un chemin conduit du portail, formé de piliers de pierre, à la maison. L’ensemble couvre 17 ha.

Alexandre Musseau acquiert alors Brethous pour 101.000 francs et le revend l’année suivante en 1926 à Lucien François Martin et son épouse née Françoise Laboudigue. Monsieur et Madame Martin redonnent à Brethous une stabilité. Ils procèdent à des travaux et des innovations : ils construisent de nouvelles cuves aux volumes idéaux pour une vinification qualitative. Ils donnent un nouvel essor à l’exploitation viticole et en 1933, ils prennent d’autres parcelles en fermage.
1935 est l’année de la création des AOC.

En 1952, la déclaration d’encépagement montre la présence de Malbec, ‘Merleau’, Cabernet, (cépages rouges 6ha) Sauvignon, Muscadelle, Sémillon (3ha34) ainsi des cépages hors AOC tels que des hybrides (1ha30) et de Colombard (1ha16).

En 1961, Madame François Martin, devenue veuve en 1957, vend le domaine à Monsieur René Paul Vauban pour 66.000 nouveaux francs. Cette forte revalorisation du domaine de Brethous est justifiée par les investissements effectués par Monsieur et Madame Martin. Le vignoble est en bon état et prospère. Monsieur René Paul Vauban, agriculteur, et sa femme Francine Géraldine née Dansette habitent à Casablanca au Maroc et des salariés gèrent Brethous.

Monsieur et Madame François Verdier, en novembre 1963, achètent Brethous qui compte alors 6,7 hectares de vignes en AOC. En 1968, ils ont 8 ha de vignes et en 1969, presque 12 hectares. Pendant longtemps, François et Denise ont cultivé 13,7 hectares dans le souci écologique qui correspondait à leur époque. Cécile Mallié-Verdier, leur fille et Thierry Mallié ont agrandi de 3 hectares le domaine et, à partir de 2008, mènent Château Brethous vers la culture biologique et biodynamique.
Passionnés par leur terroir et par leur métier de vignerons, les Verdier et consort développent toujours une production écologiquement et humainement saine et durable pour avoir les meilleurs vins possibles !

Château Brethous est une jolie propriété familiale à taille humaine depuis… au moins 1664 !

Premiers bourgeons de vigne
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